dimanche 2 janvier 2011

Itinéraires corses/Le Cap

    L’espace commence ainsi, avec seulement des mots, des signes tracés sur la page blanche. Décrire l’espace : le nommer, le tracer, comme ces faiseurs de portulans qui saturaient les côtes de noms de ports, de nom de caps, de noms de criques, jusqu’à ce que la terre finisse par ne plus être séparé de la mer que par un ruban continu de texte.
Extrait de Espèces d’espaces de Georges Perec


Reprendre la route sur les pentes vertes et lumineuses qui descendent jusqu’au village de Pino. Abandonner la marine de Scalo et poursuivre encore vers le nord. Ensuite, Minervio, Camera, Botticella, Canelle, Centuri…Singulière série de toponymes, comme un long travelling sur cette route en corniche entre marines et villages perchés. Laisser le tracé imprimer son rythme, traduire dans ses gestes la fluidité des courbes. La route comme un ruban dont les fines torsions successives incurveraient la trajectoire. Le pare brise ainsi qu’un écran format cinémascope ; la partie gauche immanquablement emplie des bleus de la mer et du ciel, la droite des reliefs plissés, pétrifiés dans leur chute silencieuse. Image au balancement calé sur le rythme des virages.

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