dimanche 2 janvier 2011

Itinéraires corses/Porto-Ota

    mais ce n’est pas cela qui compte parce que tout en admettant que je sois toujours en train de regarder vers l’issue de n’importe quelle vallée et que j’aie derrière moi le torrent escarpé et ombragé, rien ne prouve que je sois sur le point d’avancer toujours plus vers l’air libre au lieu de reculer vers le fond de la vallée, c’est pourquoi il est juste de dire que le moi tourné vers l’ensoleillé est aussi un moi qui se retire dans l’opaque
Extrait du texte De l’opaque d’Italo Calvino


Les jeunes eucalyptus sont sveltes, leurs aînés trapus, et leurs frondaisons étagées. Des feuilles d’un rouge criard tranchent sur la masse, en touffes et en bannières. Ils sèment la route d’une mosaïque de faucilles, de demi-lunes, de queues de coq et de fers de lance. Parmi eux, les boutons des fleurs, gris d’argent -menues capsules de pavots que l’on a ciselées. On dirait que les feuilles se sont imbibées du suc de la terre : cette frange végétale tranche à peine sur le granite que traverse la route.
Ernst Jünger, Soixante-dix d’efface, Journal 1965-1970, Gallimard.

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